La fiscalité applicable dans les départements d’outre-mer se distingue de celle de la métropole sur plusieurs points :
Parmi les régimes fiscaux spécifiques en outremer, on distingue :
À côté de la fiscalité locale directe de droit commun, il existe une fiscalité locale indirecte spécifique aux départements d’outre-mer.
La taxe spéciale de consommation sur les produits pétroliers (TSC) est perçue au bénéfice des Régions et des collectivités territoriales, en lieu et place de celle applicable en métropole (TICPE, ex-TIPP). Il s’agit d’une taxe applicable à une liste limitative d’huiles minérales dont les taux, et éventuellement les exonérations, sont fixés par le Conseil régional de Guadeloupe ou de La Réunion, l’Assemblée de Guyane, en Martinique ou le Conseil départemental de Mayotte. Elle fait l’objet d’une affectation particulière, en faveur notamment du développement des routes en alimentant le Fonds d’investissement routier (FIR) géré par les collectivités. S’agissant du tabac, un droit de consommation est fixé par délibération des conseils départementaux et son produit est affecté au budget du département.
L’octroi de mer est un impôt remontant au XVIIe siècle qui, à l’origine, taxait, lors de leur importation, toutes les marchandises arrivant dans les DOM par la mer. Après deux réformes majeures en 1992 et 2004, l’octroi de mer s’assimile aujourd’hui à une taxe indirecte sur la consommation, collectée uniquement dans les 5 DROM (Mayotte depuis le 1er janvier 2014) et qui frappe à la fois les produits importés et ceux produits localement.
La raison d’être de cette taxe recouvre deux objectifs distincts :
Dans trois départements d’outre-mer (en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion), la TVA fonctionne à des taux inférieurs à ceux de la métropole, mais vient se greffer sur l’octroi de mer. Le taux normal est à 8,5 % (contre 20 % au niveau national) et le taux réduit est essentiellement à 2,1 % (contre 5,5 % ou 10 % pour le taux intermédiaire dans l’hexagone). Ce régime dérogatoire en matière de différentiel de taux de TVA a bénéficié en 2014 à environ 67 000 entreprises domiennes et représente un coût moyen de 1,33 milliard d’euros en 2014 pour l’État. En outre, les DOM sont considérés comme des territoires tiers pour l’Union européenne : ils ne font pas partie du territoire communautaire en matière de TVA (article 3 de la sixième directive TVA). Les livraisons de biens de la métropole vers les DOM sont considérées comme des exportations, la TVA étant payée à la douane par l’acheteur (idem dans l’autre sens). La loi de finances 2010 a permis une modification des règles relatives à la territorialité en matière de TVA des prestations de services. Ainsi, la règle générale devient l’imposition à la TVA de la prestation au lieu d’établissement du prestataire.
Les entreprises basées aux Antilles et à la Réunion bénéficient d’un régime dérogatoire de la TVA, appelé TVA non perçue récupérable (TVA NPR), qui permet de récupérer de la TVA sur certains intrants exonérés de TVA. Sa raison d’être est de donner un plein effet économique aux exonérations de TVA prévues pour l’importation de certains produits ou équipements dans les DOM, mais également de répercuter sur les prix de vente au consommateur cet avantage fiscal. La LODEOM a légalisé ce régime spécifique (il n’était jusqu’alors que l’application d’une instruction ministérielle de 1953) et l’a recentré sur les seuls biens d’investissements productifs neufs acquis ou importés et sur certains types d’intrants comme les matériaux de construction.
Sa disparition concernant les achats de matières premières et de produits par les entreprises est compensée par une aide au fret.
Pour favoriser les investissements en Outre-mer, qu’il s’agisse d’investissements productifs dans certains secteurs ou des investissements en logements, des dispositifs de défiscalisation, plus avantageux qu’en métropole, ont été successivement créés ou amendés par les lois dites « Pons » en 1986, « Paul » en 2001, puis « Girardin » en 2003 dans les départements et collectivités d’outre-mer. Ces dispositifs consistent en la réduction d’impôt sur le revenu pour les contribuables soumis à l’IRPP ou d’impôt sur les bénéfices pour les entreprises (déduction de leurs résultats imposables). En mai 2009, une modification législative du dispositif « Girardin » a été actée par la Lodeom, visant à abaisser les seuils d’agrément en deçà desquels la défiscalisation s’effectuait de plein droit dans un objectif de renforcer les contrôles, et à limiter les avantages qui ne se justifiaient plus (pour la navigation de plaisance notamment).
En ce qui concerne les investissements productifs, les principales modifications apportées par cette loi étaient les suivantes :
Plusieurs dispositifs coexistent pour diminuer le coût du travail. Il s’agit principalement de la réduction de la taxe sur les salaires pour les entreprises et d’un régime spécifique d’exonérations de charges sociales. Sur ce dernier point, le régime spécifique aux outre-mer d’exonérations de charges patronales de sécurité sociale, se traduit par un dispositif différencié de celui applicable en métropole (dispositif Fillon). Désormais, les entreprises éligibles sont différenciées selon trois catégories : soit en fonction de leurs effectifs (moins de 11 salariés), soit en fonction de leur appartenance à un secteur d’activité éligible, soit lorsqu’elles relèvent de secteurs prioritaires (entreprises éligibles aux zones franches globales d’activité, ZFA). L’intensité de l’aide ainsi apportée aux entreprises se décline en fonction de leur appartenance à l’une de ces catégories.
L’aide est également modulée en fonction de l’éligibilité ou non des entreprises au crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Rappelons qu’il s’agit d’un avantage fiscal qui concerne les entreprises employant des salariés et équivaut à une baisse de leurs charges sociales. Les différentes formes d’exonérations se composent d’une exonération totale jusqu’à un certain niveau de SMIC, d’un plateau d’exonération puis d’une exonération dégressive. La mise en place du CICE a fait l’objet d’une déclinaison outre-mer via une majoration de son taux : le taux normal est de 6 % des rémunérations versées alors que dans les départements d’outre-mer, le taux est de 7,5 % des rémunérations versées en 2015, puis 9 % à partir de 2016.