La méthode de travail est un facteur clé de réussite pour la création d’un site internet, c’est peut-être même le facteur le plus déterminant. Sans une organisation efficace et adaptée au projet, la création de votre site internet prendra du retard, ou plus grave, le résultat final ne sera pas à la hauteur de vos attentes. Dans une enquête réalisée en 2010 auprès de 250 entreprises, le cabinet de conseil Daylight estimait que plus de 70% des projets informatiques connaissaient de retards conséquents, voire des échecs, dont une grande partie à cause d’une méthodologie défaillante.
Si vous décidez de confier la création de votre site internet à une agence web, cela ne signifie pas que vous n’avez pas à vous occuper des questions de méthode et d’organisation. Certes, les agences web, en tout cas les agences sérieuses, connaissent leur métier, et n’ont probablement pas besoin de vos conseils pour mettre en place et organiser un projet de création de site internet, mais connaitre les grandes lignes en matière de méthode de création de site internet vous sera néanmoins très utile pour deux raisons. Première raison, pour choisir une agence web bien organisée, dont les méthodes sont adaptées à vos besoins et à votre état d’esprit, il est préférable de comprendre les principaux enjeux afin d’être capable de différencier et d’évaluer les agences au niveau méthodologie. Deuxième raison, plus vous êtes à l’aise avec la méthodologie déployée pour votre projet de création de site internet, plus il vous sera facile de suivre l’avancement de votre projet et d’intervenir intelligemment dans le processus.
La méthodologie en matière de création de site internet est un sujet vaste et passionnant. Nous allons vous introduire
Méthodologie traditionnelle pour la création d’un site internet
On parle de « méthodologie traditionnelle », par opposition aux méthodes agiles qui ont connu un grand ces dix dernières années. Dans le cadre d’une méthodologie traditionnelle, l’idée générale est de développer le site internet sur la base d’un cahier des charges précis. Cela suppose généralement une phase de définition du projet assez longue pour aboutir à la formalisation du cahier des charges. Ce cahier des charges doit encore être traduit dans des spécifications techniques avant que le développement du site à proprement parler commence. L’avantage de cette méthode réside avant tout dans la vision globale du projet qui se construit avec le cahier des charges détaillé. Naturellement, c’est aussi la faiblesse de ce modèle. Dans un secteur internet où la réactivité est essentielle, la méthode traditionnelle impose un cadre lourd, qui crée des lenteurs et limite les marges de manœuvre.
1. Définition du projet
Analyse du contexte et des objectifs
Benchmark de la concurrence
Formalisation du cahier des charges
2. Architecture du site
Arborescence
Définition des parcours visiteurs
Structure des principales pages
Spécifications techniques
Rédaction des textes
Noms de domaine & hébergement
Installation environnement de développement
3. Conception graphique
Brief créatif
Création identité graphique générale
Wireframes des principales pages
Maquettes des principales pages
4. Développement & intégration
Installation CMS et/ou framework
Création de la structure des pages types
Découpage des maquettes
Intégration en HTML / CSS du texte et des images
Insertion des contenus / modules dynamiques
Conventions sur le nom des pages et urls
Paramétrage du back office
Développements spécifiques : modules, API, etc.
5. Recette & mise en ligne
Tests fonctionnels
Tests de performance
Relecture des textes
Suivi de la recette
Définition méta-informations
Optimisation mots clés
Installation outil de tracking (Google Analytics)
6. Suivi & maintenance
Mises à jour des différents outils utilisés
Résolution des bugs
Administration du serveur
Suivi des statistiques
Création de visuels, bannières, etc.
Les méthodes agiles, une manière très différente d’envisager la création d’un site internet
Les méthodes agiles sont apparues au début des années 1990 pour répondre aux besoins de réactivité d’organisations en croissance rapide et de plus en plus complexes. L’Agile Manifesto, rédigé en 2001, a posé les fondements théoriques de l’Agile, en définissant notamment 4 valeurs communes à toutes les méthodes dites agiles :
Les individus et leurs interactions plus que les processus et les outils
Des logiciels opérationnels plus qu’une documentation exhaustive
La collaboration avec les clients plus que la négociation contractuelle
L’adaptation au changement plus que le suivi d’un plan
Concrètement, dans le cadre d’une méthode agile, le développement a lieu dans une logique itérative, l’objectif est d’améliorer et d’adapter le produit, cycle après cycle, plutôt que de chercher à réaliser un produit parfait dès le départ. Les méthodes agiles, auparavant réservées au développement de logiciels, connaissent un succès croissant dans le monde de la création de site internet. La méthode Scrum notamment est de plus en plus utilisée, et ce même pour des projets web de taille assez modeste.
Il faut néanmoins garder à l’esprit que chaque méthode agile dispose de sa propre logique et de conventions bien précises. Ce sont des méthodes de travail pas toujours naturelles, qui prennent beaucoup de temps avant d’être acceptées par tous, et donc efficaces. Naturellement, les agences web qui travaillent en agile, notamment en Scrum, appliquent rarement la méthode sur le bout des doigts. Chacun l’adapte en fonction des contraintes internes et du type de projet / client. Nous allons ici vous décrire rapidement les grandes lignes d’une méthode de travail agile simpliée, d’inspiration Scrum, telle qu’elle pourrait être déployée dans une agence web de taille moyenne.
Mise en place
L’esprit de travail inhérent aux méthodes agiles n’est pas du tout naturel, que ce soit en tant que client ou en tant que développeur. Le manque de visibilité peut parfois déranger. La mise en place d’un projet en agile est donc avant tout un travail pédagogique. Il faut prendre le temps d’expliquer et de faire adhérer à la méthode déployée l’ensemble des parties prenantes au projet de création de site internet.
Concrètement, il faut également attribuer des rôles. Dans notre exemple, nous allons considérer que le client est représenté par une femme, Julie, qu’on appellera Product Owner (vocabulaire Scrum, de plus en plus utilisé). Du côté de l’agence, il n’y a pas de chef de projet, mais un Scrum Master, Xavier, dont le rôle est de s’assurer que l’organisation est bien comprise. (Théoriquement), il ne s’agit ni d’un chef de projet déguisé, ni un intermédiaire entre le client et les développeurs. Les développeurs sont auto-organisés et peuvent échanger directement avec Julie, le Product Owner, dès qu’ils en ont besoin.
Au tout début du projet, Julie liste, sans entrer dans le détail, l’ensemble des fonctionnalités que doit comporter le site web. Ce document est appelé Product Backlog. A partir de maintenant, la première itération, ou sprint, peut commencer.
Déroulé d’un sprint type
On suppose ici que Julie et l’équipe de l’agence web ont décidé de travailler sur la base de sprint de 14 jours.
Jour 0 – Julie et le reste de l’équipe fixent l’objectif général du sprint à partir du Product Backlog.
Jour 1 – L’équipe définit la liste des tâches à réaliser (user stories) au cours du sprint, le Sprint Backlog. Chaque tâche est évalué en temps (ou en points de complexité) afin d’ajuster en fonction de la capacité de développement disponible sur le sprint.
Jour i, avec i variant de 2 à 13 – Daily scrum. L’équipe se réunit pendant 10 mn maximum, généralement au petit matin. Chaque membre de l’équipe a une minute pour dire ce sur quoi il a travaillé et les difficultés rencontrées. Les échanges doivent se prolonger en petit comité en dehors du Daily Scrum.
Jour 13 – Julie et le reste de l’équipe (ou souvent juste le Scrum master) retravaillent un peu le Product Backlog et définisse l’objectif principal du prochain sprint.
Jour 14 – Démo – L’équipe présente à Julie les résultats du travail réalisé au cours du dernier sprint. La démo se fait généralement sur un environnement de pré-production (et non en local…).
Jour 14 – L’équipe définit la liste des tâches du prochain sprint (Sprint Backlog).
Fin du projet
Pas de recette interminable contrairement à un développement dans le cadre d’une méthodologie plus traditionnelle. Le principe d’une démo à la fin de chaque sprint fait que les principaux bugs et problèmes fonctionnels sont identifiés, puis corrigés, tout au long du développement, et pas uniquement à la fin. Cela ne signifie pas pour autant qu’il ne faut consacrer au moins un sprint aux «finitions », que ce soit au niveau du graphisme, des textes voire des fonctionnalités. Toute la partie Optimisation SEO (méta-infos, réécriture d’urls, maillage interne, etc.), Analytics (installation script de tracking, paramétrage Google Analytics, etc.) et emailing transactionnel peut également faire l’objet d’un sprint dédié.
Nous n’insisterons jamais assez sur l’importance de la méthodologie pour donner toutes les chances de succès à un projet de création de site internet. Par souci pédagogique, nous avons présenté deux grandes familles de méthode de création de site internet, mais comme vous l’imaginez, il y a autant de méthodologies que d’agences web. Le plus important est de choisir un prestataire avec une culture organisationnelle forte, efficace et proche de votre état d’esprit.
Notre équipe est davantage orientée sur les méthodes agiles. Naturellement, tout dépend des projets, et surtout des équipes, mais les méthodes agiles peuvent souvent permettre d’obtenir un site web plus rapidement, et surtout d’adapter plus vite le site web pour qu’il répond parfaitement aux besoins de sa cible. Nous avons la conviction que la logique itérative, faite d’améliorations continues et orientée client, est très utile dans une phase de lancement d’activité. En tout cas, il s’agit d’un vaste débat !