L'acquisition d'une entreprise par "effet de levier" consiste à optimiser le recours aux financements externes (complémentaires aux capitaux personnels du repreneur).
PRINCIPE
L'acquisition d'une entreprise, quelle que soit sa taille, nécessite généralement un financement externe par emprunt(s) bancaire(s) et aussi, pour les opérations d'une certaine taille ou justifiant l'intervention de partenaires (par exemple le cédant dans certains cas), des apports en haut de bilan.
La recherche d'un effet de levier consiste à bien calculer le juste niveau des trois composantes du financement : capitaux propres personnels, apports des partenaires, et emprunts. Pour simplifier à l'extrême, on peut dire qu'une entreprise dont la capacité bénéficiaire permettrait de supporter un endettement égal à 100 % de sa valeur d'acquisition générerait l'effet de levier maximum.
En effet, une fois au terme du remboursement de l'emprunt (généralement 7 ans), la holding de reprise aura une valeur mathématique égale au minimum à la valeur initiale de sa filiale, sans avoir engagé de capitaux propres (en dehors de son capital social).
Le rendement de ce capital (en termes de plus-values potentielles) est donc considérable.
Inversement, une holding qui financerait intégralement son acquisition sur fonds propres, bénéficierait certes de l'absence de frais financiers, et ses remontées de dividendes seraient donc plus importantes, mais la plus-value à terme serait théoriquement nulle (en valeur mathématique et naturellement sans tenir compte de la progression de valeur de la filiale).
DANS LA PRATIQUE
Les deux scénarios ci-dessus, bien que théoriquement possibles, sont exceptionnels, notamment le premier (les banques exigent une part minimum d'auto-financement, de l'ordre de 20 à 50 % minimum pour un projet classique). Le second est plus courant (cas de holdings déjà anciennes disposant d'un "trésor de guerre", par exemple suite à une première revente, ou constituées de capitaux familiaux importants), mais si la holding s'endette souvent malgré tout, c'est précisément (outre le besoin de liquidités pour d'autres motifs), pour bénéficier de ce fameux effet de levier, surtout quand les taux sont faibles, comme c'est le cas depuis quelques années.
Tout l'intérêt pour un repreneur est de rechercher les cibles permettant un effet de levier SUPERIEUR à la moyenne, c'est à dire dégageant une capacité d'autofinancement (en non seulement un résultat) suffisante et récurrente, et présentant par ailleurs une structure de bilan satisfaisante, pour être en mesure de rembourser un emprunt supérieur à ce que les fonds propres du repreneur nécessiteraient.
Autrement dit, une "belle cible" (sur le strict plan financier, les autres paramètres du diagnostic étant naturellement à considérer), doit permettre, pour générer un effet de levier intéressant, de ne pas consacrer tous ses fonds propres à l'acquisition (en empruntant donc un peu plus), ou d'accéder à une taille de projet plus ambitieuse.
La notion d'EFFET DE LEVIER devient particulièrement intéressante en cas d'apport de capitaux propres externes (cédant réinvestissant avec le repreneur, capitaux-risqueurs, love-money,..) car un apport supplémentaire peut permettre, grâce à ce principe, de disposer d'un financement dans une proportion qui peut être couramment de 5 à 10. Même s'il faut partager la plus-value potentielle et les revenus du capital, cet apport peut donner accès à des dossiers plus importants et surtout de rendement plus élevé.
Ce raisonnement sur l'effet de levier se situe dans une optique patrimoniale (notion de plus-value), mais pour un repreneur personne physique, cette optique doit être intégrée à son projet dès l'origine, car les reventes au terme du financement (7 à 10 ans) sont désormais très courantes.
Il ne doit pas s'agir du critère principal mais il peut permettre d'orienter le choix entre plusieurs dossiers d'intérêt économique similaire, certaines cibles "supportant" un effet de levier plus important que d'autres.
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