Dans le contexte actuel du développement des marchés de l'énergie durable en Europe, a la suite des nombreux accords internationaux dans le prolongement du protocole de Kyoto, et renforcé par les nouvelles données politiques et économiques introduites par Grenelle 1 et 2 en France, le secteur des énergies renouvelables et de l'environnement connait depuis plusieurs années une croissance sans précédent. Dans ce contexte, il semble opportun d'approfondir les tendances récentes et les perspectives de ce marché, en France et en Europe, afin de mieux identifier les opportunités et potentiels de développement et croissance externe mais également de bien discerner les facteurs de risques et d'incertitudes, notamment réglementaires, qui lui sont inhérents.
Un fort développement récent du secteur des énergies renouvelables et des opérations de rapprochement, cessions et acquisitions dans ce domaine
Au cours des années 2000, près d'un quart des opérations de croissance externe ou rapprochement dans le secteur de l'énergie en France et en Europe ont concerné les énergies renouvelables.
En valeur, les énergies renouvelables représentaient fin 2008 environ un dixième des transactions du secteur de l'énergie et de l'environnement. En 2007 et 2008, 441 transactions ont été recensées pour une valeur totale de 50,2 milliards d'euros.
En concentrant près de deux tiers des transactions, l'Europe est la région la plus dynamique. En valeur, les pays les plus actifs étaient le Portugal, l'Espagne, le Royaume-Uni et l'Allemagne. Le changement climatique, les objectifs fixés par l'UE concernant la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique, la problématique de sécurité d'approvisionnement, mais également la recherche de relais de croissance et d'innovation rentables, figurent parmi les principaux moteurs de cette activité de fusions-acquisitions de ce secteur.
Néanmoins, le nombre d'opérations dans l'énergie solaire a quadruplé en 2008 par rapport à 2007. Globalement, l'éolien et le solaire ont dominé l'activité des fusions-acquisitions dans le secteur des énergies renouvelables en 2008 et 2009 devant le secteur hydroélectrique. Alors que les évolutions de 2007 et 2008 faisaient ressortir un risque potentiel de bulle spéculative notamment sur le segment éolien, l'année 2009 a mis en évidence le retour d'une certaine prudence et sélectivité dans le choix des opérations, visant les PMEs du secteur notamment.
Des nouvelles exigences en matière de montage de financement
Les investisseurs financiers se font plus rares, notamment du côté des fonds d'infrastructure, des acteurs du private equity et des hedge funds. Ces trois catégories d'investisseurs étaient considérées comme acquéreurs crédibles par seulement 30 % des cadres de la profession interrogés, contre plus de 80 % en 2008. 57 % des responsables de sociétés les plus importantes du secteur relèvent également des difficultés de financement de leurs projets. Cette part atteint ou dépasse 70 % lorsqu'on interroge les sociétés de taille plus réduite et les PMEs.
Les perspectives à moyen et long terme sont positives
Le secteur reste porté par deux facteurs de croissance durable :
Des stratégies d'acquisitions plus ciblées
Dans ce contexte, les prochaines transactions en rapprochements, cessions et acquisitions devraient se concentrer sur trois types de projets :
Le marché français : l'encouragement des autorités publiques
Jusqu'à récemment le marché français était caractérisé par son retard en matière de capacités installées d'énergies renouvelables par rapport à la plupart de ses voisins européens, en premier lieu l'Allemagne, le Danemark, l'Espagne et le Portugal. Depuis le début des années 2000, le développement français pour les différents secteurs de l'éolien, du solaire et de la biomasse a été grandement encouragé par les pouvoirs publics à travers des appels d'offres de nouveaux projets, des crédits d'impôts et des mécanismes de prix de rachat minimum garantis. De plus, le Grenelle de l'Environnement 1 de l'automne 2007 a organisé un développement accéléré de l'ensemble des filières d'ENR, l'objectif étant d'augmenter de 20 millions de tonnes équivalent pétrole la production d'énergies renouvelables, afin qu'elles atteignent 23% de la consommation totale d'énergie en 2020 (objectif Grenelle 2).
Un facteur décisif pour un décollage et rattrapage spectaculaire du secteur en France
Avec une hausse du pétrole d'EnR consommées ces dernières années, le rythme de croissance des énergies renouvelables en France semble bel et bien amorcé. Pourtant selon certains observateurs et le Syndicat des Energies renouvelables (SER) " cela reste encore insuffisant pour atteindre les objectifs du Grenelle ".
Cette consommation, dite finale d'énergies renouvelables, a progressé de 4 Mtep en quatre ans, passant de 16 Mtep à 20 Mtep. Pour la production de chaleur, 15,6% de l'énergie consommée sous forme de chaleur en 2009 était renouvelable. Cette proportion était de 15,4% pour ce qui concerne la production d'électricité. Les biocarburants (éthanol et biodiesel) ont vu leurs consommations fortement augmenter. ''Sur ce segment, les objectifs 2020 sont en bonne voie d'être atteints puisqu'aujourd'hui 2,5 Mtep de biocarburants sont consommés dans le secteur du transport et que l'objectif 2020 est de 4 Mtep '', constate le SER.
En ce qui concerne la filière photovoltaïque, la France est passée de la 12ème à la 7ème position mondiale en termes de capacité installée. L'Hexagone a en effet doublé sa puissance depuis 2009.
Certes, la France est encore loin des leaders mondiaux de l'énergie solaire que sont l'Allemagne et l'Espagne : moins de 0,01 % de son électricité est produite par les panneaux photovoltaïques.
Mais la filière est porteuse d'un fort potentiel de développement futur: après avoir entraîné un cycle de progression impressionnant depuis 2006, le secteur photovoltaïque a doublé sa capacité installée en 2009 par exemple, avec une estimation par les acteurs du secteur de 250 MW en 2009 à comparer aux 105 MW installés en 2008.
L'arrêté tarifaire de 2010, plus contraignant, pourrait améliorer l'attractivité de l'intégration au bâti sans laisser de marge à la spéculation. Pour les prochaines années, le marché devrait demeurer solide et ressortira probablement avec une croissance plus modérée et équilibrée. Des analystes anticipent une croissance à deux chiffres pour l'ensemble du secteur. Dans ce contexte, la filière photovoltaïque devrait être marquée par de nombreuses opérations en matière de cessions, acquisitions et regroupements industriels.
La physionomie du marché pourrait évoluer au cours des prochaines années. De grands groupes observent le secteur et il est prévisible que de nouveaux entrants soit en accès direct soit via des acquisitions et des partenariats apparaissent. Les appels d'offres lancés par le gouvernement dans le cadre du Grenelle de l'environnement pour la construction d'une centrale solaire par région devraient à cet égard être de bons indicateurs.
Un facteur d'incertitude : un retard industriel propre à la France menace le dynamisme de la filière. Avec de nombreux projets de fabrication de modules, qui devrait continuer, les producteurs français sont toujours peu nombreux, non intégrés et fragiles. Par ailleurs, fin 2009 seul un projet significatif dans les couches minces était recensé en France contre une quinzaine chez nos voisins d'Outre-Rhin et aucun projet intégré opérationnellement avancé dans le silicium cristallin.
Ainsi, " l'avenir se joue actuellement et dépendra autant du développement de l'amont que des changements réglementaires ". Et un développement éolien notable caractérisé toutefois par quelques facteurs d'incertitude pour l'avenir.
Fin 2017, quelque 3.685 éoliennes étaient installées en France métropolitaine (445 dans les DOM TOM) d'une capacité d'environ 14.000 mégawatts d'électricité. Mais selon le SER (Syndicat des Energies Renouvelables), même si le parc éolien français se développe, le rythme n'est pas encore suffisant "pour atteindre les 25.000 MW à l'horizon 2020."
Toutefois, si le potentiel éolien demeure élevé, des facteurs d'incertitudes réglementaires et politiques sont à considérer dans le cadre des discussions prévisibles sur la loi Grenelle 2 : il en est ainsi des risques d'alourdissement de contraintes administratives visant à rechercher une taille minimale élevée pour les parcs éoliens, contredisant la tendance récente de construire des installations plus modestes.
A ce titre, le projet de promouvoir en priorité des zones de développement de parcs éoliennes offshore ou terrestre de grande taille (>=15 MW) remettraient en cause près de 60% des projets actuels selon les professionnels de la filière. Ce dispositif fragiliserait la filière industrielle en forte expansion et qui regroupe environ 150 entreprises industrielles intéressées par la fabrication des composants et disposant d'un savoir-faire certain sur le territoire français.
Par ailleurs, le remplacement de la taxe professionnelle très partiellement compensée par l'IFER (taxe sur les infrastructures) entraina une baisse sensible des recettes des communes concernées par les nouveaux projets. Là ou les éoliennes sont déjà installées, l'impact devrait certes être réduit par le paiement par l'Etat d'une subvention compensatoire mais il n'en sera pas de même pour les nouveaux projets qui seront de ce fait moins attractifs pour les communes.
Dans cette perspective, le développement de l'énergie éolienne en France pèsera entre 20 et 30 milliards € d'investissements privés cumulés sur la période 2010-2020: " la mise en place d'une dynamique industrielle éolienne française permettrait de préserver des savoir-faire et des emplois dans un contexte de désindustrialisation sur le territoire national ".
La filière biomasse bénéficie également d'incitations tarifaires fortes
Selon le SER, La production d'électricité à partir de biomasse (déchets agro-alimentaires, déchets et résidus provenant de l'agriculture, produits et sous-produits de la sylviculture et industries du bois…) comptait, elle, 700 MW installés fin 2009 contre 350 MW en 2005. L'objectif fixé est de 2.300 MW en 2020 semble donc encore loin. Mais pour le syndicat l'annonce, ces derniers jours, de nouveaux tarifs d'achat pour la biomasse électrique va permettre "de développer ce marché et de l'ouvrir encore davantage au monde agricole".
En effet, un nouvel arrêté fixant les conditions d'achat de l'électricité produite par les installations utilisant de la biomasse est paru au Journal officiel du 31 décembre 2009. Alors que l'électricité produite à partir de biomasse bénéficiait jusqu'à présent d'un tarif d'achat de 4,34 cts €/kWh (2017) auxquels s'ajoutait une prime à l'efficacité énergétique comprise entre 7.71 cts €/kWh et 12.53 cts €/kWh.
En résumé, le marché français des énergies renouvelables offrira d'intéressantes opportunités dans les prochaines années pour les repreneurs et investisseurs qui seront sélectifs quant à la qualité des projets et sociétés étudiés : les secteurs les plus porteurs, pour les acquéreurs ou développeurs potentiels de PMEs devraient être :
Le marché de la rénovation du parc résidentiel existant a en effet de quoi susciter bien des convoitises : avec 18 millions de maisons individuelles et 13 millions de logements collectifs, ce marché est évalué à 600 milliards d'euros en France.
Conclusion
Le marché en pleine croissance des fusions & acquisitions des énergies renouvelables offre un grand nombre d'opportunités qui exigent toutefois une grande sélectivité et une analyse approfondie des fondamentaux des projets ou sociétés.
En premier lieu, il semble nécessaire de procéder à une étude approfondie du potentiel de la filière concernée et des conditions réglementaires et fiscales, souvent en pleine mutation, ainsi que de l'évaluation des formations et compétences des équipes et de la qualité et adéquation des équipements.
Par ailleurs, il sera important d'identifier les seuls projets ou affaires raisonnablement valorisés et viabilisés sur plusieurs années, évitant tout aspect spéculatif ou "de mode".
Dans ce contexte, le recours à une assistance externe sous forme de conseils professionnels sur le plan technique, industriel, juridique, stratégique et financier constitue un facteur décisif de succès pour les candidats à la cession ou reprise d'affaires.
Sources : (1) PricewaterhouseCoopers (2) Capgemini Consulting (3) Ademe (4) KPMG
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