Les 22 candidats retenus de l'appel à projets d'économie circulaire financé par l'Ademe et la Région ont été présentés, hier (05 mars 2019) au Moca. L'occasion pour les lauréats qui se rencontraient d'imaginer les premières imbrications de leurs différents projets.
"Les choix de gestion des déchets d'aujourd'hui entraînent La Réunion dans une dynamique pour les 15 prochaines années." Jean-Michel Bordage, président de l'Ademe Réunion (Agence de l'environnement et la maîtrise de l'énergie) soulignait, hier, le potentiel des 22 propositions retenues dans l'appel à projets d'économie circulaire lancé par l'Ademe et la Région, en juin 2018. Une enveloppe d'1,5 million d'euros doit permettre de développer ces idées.
Selon Nathalie Noël, conseillère régionale déléguée à l'économie circulaire, ce concept regroupe "des principes économiques vertueux écologiquement, dont l'objectif est de créer de l'emploi et de la valeur ajoutée, voire du lien social". La collectivité a dégagé 37 millions d'euros pour financer des solutions alternatives à l'incinération, dans le cadre de son scénario "zéro déchet". Produire sobrement, optimiser et allonger l'usage et préserver la matière par le recyclage sont les pistes à suivre.
Tout, ou presque semble encore à faire dans ce domaine à La Réunion. D'après l'Observatoire des déchets réunionnais, 70% des détritus ménagers de l'île ont été enfouis dans le sol en 2016. Faute de filières de revalorisation, La Réunion a exporté pas moins de 107,1 millions de tonnes de déchets en 2017, dont plus de la moitié vers l'Inde. Un contexte qui a stimulé la créativité des porteurs de projet retenus.
La majorité d'entre eux soutiennent la réalisation d'études : faisabilité de la création de produis en bio plastiques, de la valorisation de papiers et cartons usagés, du fer, du verre, d'huiles alimentaires, de lisiers de porc… Si bien que pour l'instant, seuls 7 projets font l'objet d'un financement, en fonction de leurs besoins. En général, il s'agit de la création de prototypes ou la conception de l'objet final lui-même.
Yann Waeffler a ainsi développé une solution de traitement des déchets organiques de proximité baptisée Proxicompost : "Elle s'adresse à ceux qui créent des ordures sans qu'on arrive encore à les traiter, comme les restaurants". Un de ses points forts, la facilité d'utilisation permettrait d'envisager une forte réinsertion sociale. Chaque container aménagé exige la présence d'un gestionnaire qui opère une collecte journalière dans sa zone.
"Un rythme de ramassage révolutionnaire à La Réunion", lance fièrement le chef d'entreprise. Son souhait, que l'île soit équipée d'au moins 120 de ses installations à terme. Elles sont chacune dotées d'une capacité de 10t pour les déchets organiques, et de 8t pour les cartons nécessaires au processus carboné. "J'en ai malheureusement beaucoup trop d'ailleurs, déplore Yann Waeffler, mais un autre porteur de projet en cherche pour son étude de valorisation, on pourrait travailler ensemble".
Au-delà du soutien, notamment financier, de l'appel à projet, la réunion de tous ces créateurs d'activités devient ainsi un facteur propre de développement de l'économie circulaire. Si une bonne part des projets retenus, parmi la centaine de candidatures initiale, relève du traitement des déchets, c'est sans doute lié à la vision du président de l'Ademe :"A l'heure où les ressources sont un enjeu fondamental, les déchets doivent de plus en plus être considérés comme tel".
Source: clicanoo