Les manœuvres capitalistiques autour de Corsair se précisent. Pascal de Izaguirre, PDG de Corsair mais aussi de TUI France, a démissionné de ce dernier poste. "Cela fait huit ans que je jongle entre deux entreprises avec des trajectoires, des problématiques et des enjeux différents. Ces deux entreprises méritent un président et un travail à plein-temps. Il était donc logique que je démissionne", a confié Pascal de Izaguirre à Tour Hebdo. Le conseil d'administration du tour-opérateur a entériné une intégration plus poussée au sein de sa structure de tutelle, TUI Western Region, qui inclut la Belgique, les Pays-Bas et la France.
Cette restructuration intervient alors que la refonte du capital de Corsair pourrait intervenir dès le mois prochain. Un premier scénario prévoyait la reprise de la compagnie par l'Allemand Intro Aviation, qui s'est spécialisée dans la reprise des compagnies aériennes qu'elle s'efforce de redresser avant de les revendre, associée au fonds d'investissement américain Crestline. Le tandem aurait repris 80 % du capital de Corsair. Selon La Tribune, Intro Aviation serait désormais seule en piste. Elle prendrait désormais 53 %. Le groupe TUI resterait présent à hauteur de 27 %, tandis que la part de l’actionnariat des salariés serait maintenue à 20 %. "Elle serait portée par une fondation néerlandaise dans le but de mettre en place un système d'intéressement à travers les dividendes."
Sans attendre l'issue des négociations, le groupe TUI avait annoncé avoir approuvé de remplacer les deux premiers Boeing 747 400 de Corsair, appelés à sortir de la flotte à partir de septembre 2020, par trois Airbus A330-900 Neo. Selon La Tribune, Intro Aviation aurait de plus vastes ambitions. "Intro Aviation et Crestline ont, selon certaines sources, l'ambition de quasiment doubler le nombre d'appareils, Corsair exploite actuellement trois B.747 400 et quatre A330, en se concentrant sur un seul type, l'A330 Neo."
Le projet de revente de la compagnie française présentée en octobre dernier semble se préciser : selon les informations de La Tribune, TUI devrait se prononcer le mois prochain sur la vente de Corsair au couple Intro Aviation / Crestline, les deux parties ayant « en effet signé un put option » autorisant l’opération. Des sources précisent au site économique que l’avis consultatif du Comité d’entreprise « s’annonce très décisif », et pourrait remettre en question la vente s’il est négatif : TUI pourrait de nouveau décider de conserver Corsair, comme ce fut le cas quand elle avait mis fin en mars 2015 à des semaines de négociations avec le Groupe Dubreuil, officieusement à cause des problèmes sociaux (grève de trois jours, exigence d’un plan social…).
Rappelons qu’Intro Aviation GmbH, à qui Air France avait vendu CityJet et sa filiale VLM Airlines fin 2014, avait été impliqué dans LTU, Deutsche BA et InterSky et a investi depuis 2016 dans la future low cost sud-coréenne Aero_K. Le groupe s’est allié au fond d’investissement américain Crestline pour tenter de reprendre Corsair, les actionnaires de la compagnie chinoise Loong Airlines ayant jeté l’éponge à la rentrée ; lancée en 2012 à l’aéroport de Hangzhou-Xiaoshan, elle n’aurait de toute façon pu prendre que 49% du capital de Corsair, et devait donc trouver un allié européen.
Ayant fini l’année 2017-2018 dans le rouge, Corsair International reste fragile face à la concurrence des low cost long-courrier comme French blue (renommé French Bee), Level ou Norwegian, mais elle dispose également d’atouts dont ses créneaux de vol à l’aéroport de Paris-Orly vers les Caraïbes et l’Océan indien, ses partenariats avec Aigle Azur, Air Caraïbes justement ou easyJet, voire sa montée en gamme avec le déploiement d’une nouvelle cabine de classe Affaires. Côté réseau, elle lancera en juin prochain une nouvelle liaison entre Paris et Miami, faisant son retour en Floride après sept ans d’absence, et renforcera Montréal. Mais elle quittera fin janvier l’axe Paris – Dakar après avoir perdu ses droits de trafic au profit d’Air Sénégal, et abandonnera en février les dessertes de Madagascar et de Mayotte, après avoir là encore perdu les droits de trafic entre les deux îles de l’Océan Indien.
Corsair International emploie près de 1300 personnes et transporte 1,2 millions de passagers par an avec une flotte de sept avions, dont deux Airbus A330-200 et deux A330-300, plus trois Boeing 747-400 dont le départ est programmé en 2020-2021. TUI avait déjà annoncé le remplacement des Jumbo Jet par trois A330-900 ; des sources de La Tribune indiquent que l’ambition des deux repreneurs serait de « quasiment doubler le nombre d’appareils en se concentrant sur un seul type, l’A330neo ». Aucune commande n’est pour l’instant officialisée
Souces: Clicanoo / Air-Journal.fr