La Réunion accueille ces 5 et 6 octobre la Conférence internationale sur l’adaptation au changement climatique intitulée « Les îles, terres de solutions innovantes pour tous les territoires », co-organisée par la Région Réunion.
Pour l’occasion, l’économiste et Président d’Innovons La Réunion, Philippe Jean-Pierre défend, dans une tribune, un changement de « modèle de développement pour des fonctionnements plus frugaux, plus résilients, plus circulaires, privilégiant la fonctionnalité » pour faire face au « défi climatique ». Selon ce dernier, la « société du digital » constitue un « pilier » pour les « solutions durables ».
La Réunion doit opérer sa mue pour trouver de nouvelles sources de prospérités plus durables que la seule manne des transferts publics. D’aucun s’en accorde. Il en va de notre résilience et de notre capacité à nous projeter sereinement vers le milieu de ce siècle. C’est donc tout l’enjeu de la transition d’une société, d’une économie, d’un modèle insulaire qui est posé ! Cette semaine tombe à pic. De la transition, il en est question tous azimuts : transition écologique et énergétique avec la Conférence internationale sur les îles, terres de solutions innovantes face au défi du changement climatique co-organisée par la Région Réunion et l’ONG NrG4sD au Moca ; transition numérique avec la conférence internationale NXsE soutenue par la Région Réunion ; transition sur l’évolution de l’observation de l’atmosphère et du climat au Forum international Grif-Nexa ! Parmi ces mutations, celles du changement climatique et de l’avènement de la société numérique sont bien cœur de la réduction de nos vulnérabilités.
En premier lieu, le défi climatique, sans doute la mère de toutes les batailles, impose de changer le modèle de développement pour des fonctionnements plus frugaux, plus résilients, plus circulaires, privilégiant la fonctionnalité. Il s’agit d’un changement de paradigme global. D’une part, la transition écologique appelle la valorisation et la redynamisation des services climatiques (rendus par les ressources naturelles). D’autre part, elle s’appuie à la fois dans la capacité des populations et collectivités publiques à faire face à des événements extrêmes plus fréquents et dans leur aptitude à prévoir et établir des politiques permettant d‘anticiper les effets du changement climatique et de renforcer leur résilience.
Cette transition ne peut s’improviser. Elle pose d’abord la question de son coût et de son financement, complexes à évaluer et à mobiliser. Néanmoins, au-delà des soutiens publics traditionnels, nous ne pourrons pas nous épargner les débats autour de la contribution du secteur privé et du juste niveau (acceptable) de la fiscalité écologique censée réorienter nos choix vers des comportements plus vertueux. De même, le financement appelle des formes innovantes encore peu explorées mais, déjà à l’essai, via le canal des monnaies virtuelles, autres lignes de forces qui chambouleront nos années à venir. L’innovation est, ensuite, l’autre interrogation majeure tant il nous faut accélérer la mise en œuvre de technologies de productions, de stockage, de gestion des réseaux plus efficaces sur le plan énergétique dans tous les secteurs : logements, transports, industries… Ces innovations s’appuieront enfin en très grande majorité sur des solutions numériques qui constituent un autre pilier de cette transition.
L’avènement de la société numérique est, en second lieu, l’autre défi crucial. Celui-ci n’est pas constitué par sa découverte. Mais d’avantage par la nécessité d’en accélérer la mise en œuvre imposée par cette quatrième révolution industrielle. La société digitale impactera tous les niveaux de nos sociétés : populations, entreprises, collectivités publiques. Quels que soient les secteurs économiques, cette transition conduit à de nouveaux usages et d’importants investissements pour concevoir les réseaux et équiper nos industries et services. La formation est en outre une question clé pour que nous puissions nous appareiller à ces nouvelles donnes faites d’innovations sur tous les plans, d’expériences enrichies, d’intelligences artificielles, d’objets connectés, de robots, de blockchains, de réalités augmentées…qui ici et là commencent à émerger mais seront banales durant la prochaine décennie. L’enjeu sera ici d’inclure et non d’exclure.
Pour notre île, ces deux défis sont riches en opportunités. Elle dispose pour cela des outils, des ressources naturelles, du génie réunionnais pouvant lui conférer plusieurs avantages comparatifs dans le domaine de l’action climatique. De même, la constitution d’une véritable société digitale élargit le champs des possibles : les distances sont ainsi réduites, la matière première devient l’information pouvant être traitée de n’importe où, et donc à La Réunion, pour en faire des productions à hautes valeurs ajoutées exportables et, ce faisant, positionner notre territoire comme l’île des solutions durables !
Source: Outremer360