L’Australia-Africa Week suscite de plus en plus d’intérêts au fil des années. La troisième édition qui s’est tenue début septembre à Perth est devenu un événement non négligeable dans les relations internationales de l’Australie avec une hausse de la fréquentation de 40% par rapport à l’année précédente.
Cette conférence est pour l’Australie un moyen d’affirmer sa volonté d’investir en Afrique. Plus précisément, Linda Reynolds, ministres adjointe aux affaires intérieures, voit l’Australie comme une alternative de financements et de partenariats pour les économies africaines : « Nous prônons un modèle différent basé sur le respect de la souveraineté. Nous voulons travailler en partenariat et non à travers des prêts à menottes », expression qu’elle utilise pour qualifier les méthodes chinoises dans le financement de la croissance africaine.
L’Île Maurice cette année est venue avec une délégation de prestige rassemblée autour du Premier Ministre Adjoint Ivan Collendavello, l’ambition étant bien sûr de promouvoir la place stratégique que l'Île Maurice peut occuper dans les relations financières et commerciales entre l’Australie et l’Afrique.
L’Île Maurice met en avant sa stabilité juridique, condition cruciale pour accueillir des entreprises étrangères. Contrairement à beaucoup de juridictions africaines pour lesquelles la législation évolue de manière assez arbitraire, Maurice a une réglementation stable et bien cadrée.
C’est là-dessus que l’Île Maurice a sa carte à jouer selon Charles Cartier, président de l’Economic Development Board. Il affirme que « Maurice, c’est 50 d’indépendance paisible. Il est plus facile en y étant présent d’affronter les défis africains ». A ce sujet, Ivan Collendaveloo ajoute que Maurice participe à cette vague de développement que l’Afrique connait et des profondes mutations qui en résultent et elle a su tirer son épingle du jeu par une bonne gouvernance, la supériorité du droit, le respect des institutions judiciaires, le développement de l’arbitrage international et un bon système éducatif. Le réseau de 23 accords portant sur la protection et la promotion des investissements ainsi que les 21 traités de non-double imposition fiscales sont aussi des arguments de taille pour convaincre les multinationales australiennes d’implanter leurs sièges régionaux à l’Île Maurice.
Jenny Dee, haut-commissaire de l’Australie à Maurice souligne aussi l’importance de la diaspora mauricienne présente sur le pays-continent et sur les compétences à développer par le système éducatif. L’Université Australienne de Curtin a développé son antenne à l’Île Maurice, un second avantage de l’île pour pallier au manque de compétences dont souffrent les filiales minières implantées dans les pays Africains.
En effet, déjà plus de 300 entreprises australiennes opèrent dans le secteur minier en Afrique et 140 global business companies sont déjà implantées à l’Île Maurice. Mais selon Kym Fullgrabe, Senior Trade Commissioner pour l’Afrique subsaharienne, il n’y a pas que les mines : « d’autres domaines pourraient intéresser, à l’instar de l’agrobusiness, de la production alimentaire, du développement technologique et de la formation vocationnelle ». Charles Cartier de l’Economic Development Board ajoute, quant à lui, que de grandes opportunités de collaboration entre Maurice et l’Australie se trouvent dans les secteurs de l’économie bleue, l’énergie, l’éducation, le cinéma ou encore les services financiers.
Les banques mauriciennes comprennent l'intérêt de bien se préparer à cette arrivée des capitaux australiens, l’AfrAsia Bank était d’ailleurs présente à Perth pour présenter ses capacités à structurer des investissements en Afrique.
Depuis l'implantation de la Chambre de Commerce Australienne à Port-Louis, on entend de plus en plus parler de l'axe Australie-Afrique avec Maurice comme plateforme vouée à faire transiter les investissement. Reste à savoir si ces ambitions vont se traduire de manière concrète. Néanmoins, le Premier Ministre adjoint Mauricien Ivan Collendavello a d’ores et déjà annoncé qu’un Comprehensive Economic and Trade Cooperation Agreement avec l’Australie était sur la table.