L’Afrique regorge d’opportunités et est la nouvelle terre d’accueil des investisseurs étrangers. Notre proximité avec le continent est un atout que nous devons utiliser à bon escient. Le ministre des Finances entend miser sur la diplomatie économique pour mieux asseoir notre présence en Afrique.
Le gouvernement compte donc intensifier sa stratégie africaine et encourager les entreprises mauriciennes à développer les zones économiques spéciales notamment au Sénégal, à Madagascar et au Ghana.
Le Budget prévoit le renforcement de la stratégie africaine, notamment avec la signature d’accords avec le Sénégal, Madagascar et le Ghana pour le développement et la gestion de zones économiques spéciales (ZES).
Le gouvernement du Sénégal, a-t-il indiqué, a déjà alloué 40 hectares de terre pour le développement d’une ZES. Dans cette optique, un fonds commun de créances a été créé dans lequel le Mauritius Africa Fund détient 51 %.
Concernant la diplomatie économique, outre la mise sur pied d’une ambassade en Arabie saoudite à Riyad, un consulat verra le jour à Djeddah. L’objectif étant d’améliorer la visibilité mauricienne sur le territoire saoudien. Toujours dans un élan de diplomatie économique, sept conseillers seront recrutés en sus de ceux en poste déjà à Paris, New Delhi et Johannesburg.
L’ancien ministre des Affaires étrangères, Arvin Boolell, avance que ces mesures ont tout l’air d’un plat réchauffé avec concrètement rien de nouveau en termes de diplomatie économique. Le ministre des Finances, soutient-il, est passé à côté de l’essentiel en occultant dans son équation la diplomatie digitale. Ainsi, au lieu de se contenter de quelques ambassades, on peut aussi établir des liens diplomatiques en utilisant l’outil numérique. Arvin Boolell est aussi d’avis que le développement de la zone portuaire doit se faire en tenant compte des objectifs sur le plan commercial avec l’Afrique.
Par ailleurs, Arvin Boolell estime que le gouvernement ne prévoit rien pour tirer avantage du développement en cours dans les grandes mégalopoles africaines, deplus de 10 millions d’habitants.
Le Budget ne prévoit pas, non plus, des mesures pour encourager les investisseurs à utiliser le centre financier mauricien pour investir en Afrique. Il aurait fallu, selon Arvin Boolell, faire provision pour la conclusion d’accords pour la protection de l’investissement afin de rassurer les investisseurs.
Commentant la création de ZES, Arvin Boolell fait ressortir que les négociations se font surtout entre les chefs d’État et que le secteur privé ne sera nullement impliqué. Par exemple, explique-t-il, le Ghana ne serait intéressé que par le savoir-faire d’Omnicane dans le secteur cannier. Alors qu’à Madagascar, le problème fondamental est de trouver le bon équilibre entre le développement de l’industrie manufacturière et les impératifs de sécurité alimentaire. «Les ZES sont plus faciles à dire qu’à faire. Concernant Madagascar, la question qui se pose est : how to get from farmgate to plate ?» poursuit-il. Maurice devrait ainsi avancer avec prudence au sujet des ZES dans la région. Il note, par ailleurs, une absence de mesures incitatives pour attirer les investisseurs à venir produire à Maurice pour ensuite exporter vers le continent africain.
Business Magazine No. - 1246 - du Mercredi 3 Août 2016 au Mardi 9 Août 2016