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Le mauvais procès fait au LBO

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Faut-il bannir les LBO, ces opérations de rachat d'entreprise réalisées à grand renfort de dette par des fonds d'investissement ? Depuis que cette technique financière a été importée des Etats-Unis à la fin des années 1980, la question revient de manière lancinante en France.

 

Source : Les Echos.fr François Vidal / Directeur délégué de la rédaction

Trop risqués, s'inquiètent certains, redoutant les dangers du surendettement. Contraires à l'intérêt social des entreprises ciblées, assurent d'autres, en raison des gains significatifs qu'en tirent parfois investisseurs et dirigeants. Bref, monter un LBO reviendrait à jouer la vie d'une entreprise à la roulette russe.

 

Nul doute dans ces conditions que les graves difficultés rencontrées par plusieurs groupes, dont SoLocal - l'ex-PagesJaunes - et surtout Vivarte, le propriétaire d'André et de La Halle aux vêtements entre autres, sont pain bénit pour ces Cassandre. Car, dans un cas comme dans l'autre, c'est bien l'excès d'endettement qui a rendu dramatique une simple sortie de route. Vivarte, par exemple, a été lesté d'une dette de 2,5 milliards d'euros en 2007 sur la base d'un plan d'affaires très optimiste.

 

A ce niveau, pas de place pour l'imprévu. Du coup, quand les ventes ont commencé à fléchir, le groupe en perte de vitesse n'a pas pu mobiliser tous les moyens nécessaires à son redressement.

 

C'est donc toute l'entreprise qui est partie dans le décor se retrouvant sous la pression de créanciers d'autant plus déterminés qu'ils avaient souvent acheté la dette à prix cassé. Ce crash montre bien les limites du LBO, c'est certain. Il souligne en particulier la nécessité d'en limiter l'effet de levier en responsabilisant les banques prêteuses notamment. Pour autant, on aurait tort de considérer qu'il le disqualifie.

 

 

Dans un pays où les fonds propres restent une ressource rare, cette technique permet à de nombreuses entreprises rentables de se donner un nouvel élan.

Legrand en est le meilleur exemple, qui fait désormais les beaux jours du CAC 40. Il est loin d'être le seul.

 

Chaque année, ce sont plusieurs centaines de sociétés qui profitent du coup de booster que provoque un LBO bien mené, pour prendre leur indépendance d'un groupe qui ne les considère plus comme stratégiques, s'émanciper d'un actionnaire-fondateur en fin de carrière ou, tout simplement, pour fédérer les compétences et les moyens nécessaires à l'accélération de leur croissance.

 

Dernière success-story en date, Cerba, le champion français des analyses biologiques, qui est en train de boucler son quatrième LBO en vingt ans pour près de 2 milliards d'euros, soit une valeur quadruplée depuis 1998. Le laboratoire en serait-il là s'il était resté sagement dans le giron du CEA après avoir fusionné avec une filiale de l'Institut Pasteur ?

 

Peut-être. Mais on peut en douter.