La Banque de Maurice a depuis plusieurs années déjà établi des normes prudentielles concernant les compagnies offshore. Parmi, celles faisant du business avec l’Inde.
Source : L'express.mu par Villen Anganan
Des étrangers transitent-ils toujours par notre centre offshore pour investir en Inde? La juridiction mauricienne est-elle toujours crédible pour attirer des investisseurs étrangers? Ce sont là les interrogations des spécialistes de ce secteur à la lumière des dernières statistiques fournies par la Reserve Bank of India (RBI), démontrant que Maurice demeure toujours la première source du Foreign Direct Investment (FDI) en Inde.
En fait, pour l’année 2015-2016, l’Inde comptait 20,8% d’investissements étrangers transitant par l’offshore mauricien, suivis des États-Unis (17,4%), du Royaume-Uni (15,1%), de Singapour (10,9%) et du Japon ( 8%). Mieux: les mêmes statistiques indiquent que les sociétés indiennes n’ont eu recours qu’à certaines juridictions pour leurs transactions offshore pour la même période. Elles ont privilégié notamment Singapour, Maurice, les Pays- Bas et les États-Unis. Du coup, ces pays ont été classés comme les plus gros pourvoyeurs du FDI en Inde.
Selon les chiffres fournis par la RBI, les investissements étrangers prenant la forme d’une participation au capital (93,4%) au sein des sociétés indiennes étaient plus importants que ceux engagés dans la structure de dettes. La valeur des Overseas Direct Investment était de 20,1 milliards de roupies indiennes (Rs 10,8 milliards) au 31 mars 2016 contre 19,8 milliards de roupies indiennes (Rs 10,6 milliards) pour la même période en 2015.
Commentant ce classement, les spécialistes du Global Business ne l’entendent pas de cette oreille. Veema Soyjaudah, Chief Executive Officer de l’Association of Trust & Management Compagnies (ATMC), explique qu’il ne faut pas comparer la contribution de l’offshore mauricien au montant du FDI en Inde en isolation d’une période donnée. «Une interprétation juste serait de comparer le pourcentage du FDI revenant à Maurice aux années précédentes. Or, nous notons que les investissements transitant par Maurice pour atterrir en Inde ont baissé, passant de 26,4% en 2012- 2013 à 21,9% et à 20,8% en 2015-2016.» Et d’ajouter qu’ils s’élevaient entre 35% et 45% il y a quelques années.
Normes prudentielles
En revanche, elle soutient que la part du FDI transitant par la juridiction singapourienne a été en constante hausse: 7,8% en 2012-2013, 9,5% en 2014-2015 et 10,9% en 2015-2016. Résultat des courses: Maurice est en train de perdre du terrain vis-à-vis de son compétiteur singapourien. Pire, la CEO d’ATMC prévoit que ce pourcentage pourrait chuter davantage en 2016-2017 suivant les conséquences liées à l’amendement du traité fiscal Maurice-Inde en mai 2016. Sans compter, dit-elle, que la Corée du Sud et les Pays-Bas auront un avantage concurrentiel sur Maurice vu qu’ils ont arraché de meilleures conditions suivant la renégociation de leur traité fiscal avec l’Inde.
Une opinion que récusent les autorités. Celles-ci se veulent rassurantes par rapport à cette problématique, mettant en avant le dernier Financial sector assessment programme conduit par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. Celui-ci a démontré que le secteur bancaire est en mesure de résister aux «liquidity shocks arising from withdrawals of GBC deposits in the event of an unfavourable DTAA».
Ces dernières années, notamment depuis l’annonce des General anti- avoidance rules et plus récemment, avec la signature du nouveau traité fiscal, les banques domestiques ont commencé à diversifier leur base de dépôt et leur exposition aux actifs. La Banque centrale a, elle-même, depuis plusieurs années déjà établi des normes prudentielles concernant les compagnies offshore, plus particulièrement celles faisant du business avec l’Inde, cela en vue de prévenir tout dérapage qui pourrait mettre en danger le système bancaire local.
Décidément, le Global Business ne finit pas de faire polémique.