Après les récentes noyades et le laisser-aller des usagers et autres opérateurs, l’heure est désormais à de nouveaux règlements. Cela, dans l’intérêt des usagers mais, aussi et surtout, pour leur sécurité. Tour d’horizon.
Source : Le défi Média 15 janvier 2017 By Rizwaan Khodabux
Le kitesurf permis au Morne et à Anse la Raie uniquement
En été, les plages du Morne, d’Albion et de Mare la Raie sont souvent prises d’assaut par les kitesurfeurs. Toutefois, ces deux dernières sont jugées « inappropriées » pour pratiquer cette activité nautique. « La police estime que les plages d’Albion et de Mare la Raie représentent un danger à la fois pour les kitesurfeurs et les usagers des plages. Elle ne souhaite pas être tenue pour responsable si toutefois un incident se produit sur ces deux plages », soutient le Dr Dhuneeroy Bissessur, Managing Director de la Beach Authority.
Il suffit donc qu’un des ‘stakeholders’ y voit une objection, ajoute-t-il, pour que cet organisme, placé sous la tutelle du ministère de l’Environnement, « s’aligne immédiatement sur leurs recommandations, surtout lorsqu’il y va de la sécurité des usagers. » Le kitesurf ne peut être pratiqué sur toutes les plages et, ce, pour plusieurs raisons, selon la Beach Authority. « Elles ne répondent pas toutes aux conditions requises pour la pratique du kitesurf, notamment au niveau du vent, de l’espace et de la sécurité, etc. Certaines plages sont petites et très fréquentées. Cette activité pourrait obstruer l’accès au public », indique Dr Dhuneeroy Bissessur.
Le directeur de la Beach Authority,
Dr Dhuneeroy Bissessur.
Des amendements seront donc bientôt apportés aux Tourism Authority (Kite Surfing) Regulations de 2015 pour désigner trois endroits où la pratique du kitesurf sera autorisée. Ceux-ci sont Union Ribet (Anse la Raie), Trou Chenille (Morne) et Pointe Sud Ouest (Morne). « Ces trois endroits ont été identifiés suivant une rencontre entre les diverses parties concernées, notamment la Beach Authority, la police, la garde-côte nationale, la Tourism Authority et les représentants de l’association de Kitesurf à Maurice, entre autres », précise le Managing Director de la Beach Authority.
Une ébauche, travaillée conjointement par la Tourism Authority et la Beach Authority, a d’ailleurs déjà été envoyée au ministère de tutelle. « Nous avons d’ores et déjà fait nos recommandations. Nous attendons désormais le feu vert du State Law Office », indique le Dr Dhuneeroy Bissessur. L’Association de Kitesurf a suggéré d’autres plages et s’est heurtée au refus catégorique des autorités. « Les kitesurfeurs cherchent des endroits où il y a justement des grosses vagues et où le vent est fort. Mais, nous ne pouvons nous permettre d’octroyer des permis là où la mer est houleuse, représentant ainsi un réel danger pour leur propre sécurité. C’est pourquoi nous avons refusé les demandes à Palmar, Bras d’Eau et Poste la Fayette, comme nous l’a recommandé la police », poursuit notre interlocuteur.
Les autres amendements préconisés
Tout opérateur devra avoir un certificat en « life saving » pour pouvoir donner les premiers soins en cas d’incidents survenus en mer.
Toute activité de kitesurf devra être stoppée une heure avant le coucher du soleil.
C’est la Beach Authority qui aura la prérogative de décider si une plage est appropriée pour pratiquer le kitesurf ou pas, de même que le choix d’un « designated area » où les adeptes pourront entreposer leurs équipements.
Les « Beach Enforcement Officers » seront habilités à intervenir pour limiter le nombre de personnes pratiquant le kitesurf.
L’autorisation de la Beach Authority devra être recherchée par la Tourism Authority, avant l’octroi d’un permis d’opération pour le kitesurf à un opérateur.
Transat et parasol : fin à l’anarchie mais…
De nouveaux règlements régissant la location des transats et de parasols sur les plages sont en vigueur depuis décembre. Une nécessité, selon la Beach Authority, « pour rendre la plage au public ». L’organisme a, cependant, revu sa copie concernant ces règlements. L’année dernière, il voulait bannir les transats et les parasols sur les plages publiques. Une décision motivée par de nombreuses plaintes reçues de la part du public et des touristes qui dénonçaient l’accaparement des plages. Mais depuis décembre 2016, la Beach Authority a lâché du lest. Cela, suite à des réunions avec des opérateurs et autres autorités concernées. « Nous sommes tombés d’accord sur le fait que nous ne pouvons avoir des plages dépourvues de transats et de parasols, surtout que nous sommes une île touristique », concède le Dr Dhuneeroy Bissessur. Toutefois, de nouveaux règlements ont été imposés pour éviter tout cas d’abus de la part des opérateurs. D’abord, ces derniers ne pourront opérer les samedis, les dimanches et les jours fériés. Ensuite, ils devront entasser leurs matériels dans un endroit spécifique, identifié par la Beach Authority. Ce n’est que lorsqu’un client voudra louer un transat que les opérateurs pourront l’étaler sur la plage. Ils devront toutefois les ramasser aussitôt le client reparti. Bien que cette décision ait été prise en consultation avec des opérateurs, il y a néanmoins quelques mécontents.
Riaz Maudarboccus, secrétaire de la Beach Traders Association, demande aux autorités de reconsidérer les jours où ils n’ont pas le droit d’opérer. « Nous sommes d’accord pour ne pas travailler les dimanches et les jours fériés. Mais les samedis, surtout durant la matinée, il n’y a presque pas de Mauriciens sur les plages. Ce n’est que dans l’après-midi qu’ils viennent. Nous estimons que nous pouvons opérer les samedis sans que cela ne dérange le public », dit-il, affirmant que ses clients habituels, soit des touristes, n’approuvent pas non plus cette décision.
18 jetées construites sur des plages publiques
L’installation d’un portail cadenassé sur une jetée, restreignant le libre accès au public a suscité l’indignation sur la Toile, cette semaine. Selon la Beach Authority, il y a au moins de 18 jetées construites sur des plages publiques. C’est dans l’est du pays qu’on en recense le plus grand nombre, soit 11 au total.
Ces jetées se situent à Trou-d’Eau-Douce, Camp-des-Pêcheurs, Quatre-Sœurs, Grand-Sable, Petit-Sable, Bambous-Virieux (2), Bois-des-Amourettes, Vieux-Grand-Port, Mahébourg et Blue Bay. Le Nord en comprend trois, soit Trou-aux-Biches, Grand-Baie et Poudre D’Or. Deux autres sont répertoriées dans l’ouest, notamment à Pointe-aux-Sables et Albion. Et enfin, deux jetées sont situées dans le sud-ouest du pays, soit à L’Embrazure et Ruisseau-des-Créoles.
Cette liste exclut, toutefois, les jetées construites sur des plages « deproclaimed » qui tombent sous la juridiction du ministère des Terres et du Logement. La construction d’une jetée est sujette à des contrôles très stricts de la part des autorités. Tant est si bien que le Dr Dhuneeroy Bissessur, General Manager de la Beach Authority, soutient qu’un permis est délivré « dans de très rares occasions uniquement ».
La présence d’une jetée, dit-il, doit avant tout répondre aux intérêts du public, des usagers des plages et de l’Etat. Au cas contraire, précise notre interlocuteur, « la demande est automatiquement rejetée ». D’autres conditions très strictes doivent être respectées avant que le feu vert des autorités ne soit obtenu.
La jetée ne doit, par exemple, pas déranger l’écosystème, altérer l’environnement marin en causant l’érosion du sable ou la création de dunes et sa construction se doit d’être en harmonie avec le paysage. « Nous devons aussi évaluer son impact social et l’aspect sécurité. Sans compter que la jetée ne doit nullement constituer une source de pollution pour l’environnement marin », ajoute notre interlocuteur.
Plus important encore, toute jetée doit rester accessible au public, que ce soit par la plage ou par la mer, comme indiqué dans les certificats d’Environmental Impact Assessment (EIA) : “The public shall have free and unrestricted access to the jetty. The public access to the sea and the beach/shore facing the jetty and boardwalk shall be free of any encumbrance.”
Ainsi, l’obtention des permis nécessaires pour la construction d’une jetée n’est pas une mince affaire. Outre ces critères à respecter, il faut au préalable obtenir l’aval des autorités concernées. « Il faut un ‘no objection’ de la part de la Beach Authority, du ministère des Terres et du Logement et celui la Pêche. Ce n’est qu’ensuite que le demandeur pourra faire une demande pour l’obtention d’un certificat EIA et aller de l’avant avec la construction », précise Dr Bissessur.
Cependant, le Managing Director de la Beach Authority dit, lui, privilégier les jetées flottantes, dont les impacts sur l’environnement sont moins néfastes qu’une jetée sur pilotis.
Ouverture d’un sub-office à Pereybère
La Beach Authority a procédé à l’ouverture d’un « sub-office » sur la plage de Pereybère, en décembre dernier. Le premier d’une série, selon le Dr Dhuneeroy Bissessur, qui s’inscrit dans le cadre de la décentralisation des services de l’organisme. Jusqu’ici, la Beach Authority comptait cinq Beach Enforcement Officers seulement pour 119 plages ! D’où la décision de décentraliser ses services pour un meilleur contrôle des activités sur les plages. Actuellement, quatre officiers de la Beach Authority sont postés en permanence à Pereybère. Ils ont pour tâche d’assurer la surveillance de toutes les plages publiques du nord du pays, notamment les infrastructures et les installations. Ils doivent aussi faire respecter les règlements imposés par la Beach Authority aux Beach Traders, avec le concours des éléments de la police et ceux de la garde-côte nationale. La mise sur pied de ce « sub-office » était l’un des projets phares de la Beach Authority. L’ouverture de trois autres bureaux est prévue cette année, notamment à Belle-Mare pour l’est, à Blue Bay le sud et un autre pour l’ouest.