Le dernier rapport sur les Perspectives de l’économie mondiale rendu public hier par la Banque mondiale fait état d’une prévision de croissance de 3,5 % de l’économie mauricienne en 2017, taux qui devrait progresser à 3,8 % en 2018 et 2019. Ce même rapport indique que la croissance économique mondiale devrait s’accélérer modestement en 2017 pour s’élever à 2,7 % contre une estimation de 2,3 % en 2016 et qu’elle poursuivrait sa courbe ascendante en 2018 (+ 2,9 %).
Article paru dans Le Mauricien | 11 January, 2017 - 16:30
Selon la Banque mondiale, le taux de croissance économique à Maurice a été d’environ 3,2 % en 2016, soit un niveau en dessous (-0,6 point de pourcentage) des prévisions faites dans un précédent rapport publié en juin 2016. Pour 2017, le taux anticipé de 3,5 % serait également en baisse (-0,5 point de pourcentage) comparativement à celui annoncé à la mi-2016. Passant en revue les performances économiques de Maurice et d’autres pays d’Afrique subsaharienne pour l’année écoulée, la Banque mondiale observe que la croissance dans les pays importateurs de matières premières a été soutenue. « A rebound in Cabo Verde and steady growth in Mauritius offset a slowdown in the Seychelles and Swaziland », souligne le rapport. Évoquant plus loin les perspectives en 2017 pour le groupe de pays importateurs de produits de base, l’institution de Bretton Woods annonce que le Cap Vert devrait enregistrer une croissance de 3,3 %, Maurice une légère croissance à 3,5 %, et les Seychelles un ralentissement à 3,5 %, cela « sous l’effet de l’incertitude en Europe qui pèse sur le tourisme, les investissements et les flux commerciaux ».
Selon les estimations de la Banque mondiale, la croissance dans la région Afrique subsaharienne a ralenti à 1,5 % en 2016, soit le taux le plus faible depuis plus de deux décennies, alors que les pays exportateurs de produits de base s’adaptent à la baisse des prix. Le Produit intérieur brut (PIB) par habitant de la région s’est contracté d’environ 1,1 %. « L’Afrique du Sud et les pays exportateurs de pétrole, qui contribuent aux deux tiers de la production régionale, ont représenté l’essentiel du ralentissement, tandis que l’activité dans les économies disposant de peu de ressources naturelles est restée globalement solide », relève le rapport.
En Afrique du Sud, la croissance a ralenti à 0,4 % en 2016 du fait de la faiblesse des prix des produits de base et des préoccupations accrues concernant la gouvernance. Les deux principaux pays exportateurs de pétrole de la région, à savoir l’Angola (croissance en baisse à 0,4 %) et le Nigeria (-1,7 %), ont aussi été confrontés à de graves difficultés économiques et financières. D’autres pays exportateurs de pétrole ont également été durement touchés par la faiblesse des prix du pétrole alors que les pays exportateurs de métaux ont été confrontés à une situation de prix bas. La Banque mondiale cite, entre autres, le ralentissement de la croissance en République Démocratique du Congo et au Mozambique. En ce qui concerne les pays exportateurs de produit agricoles, on a noté une croissance satisfaisante à l’image de la Côte d’Ivoire (+ 7,8 %) et de l’Éthiopie (+ 8,4 %).
Parlant des perspectives, la Banque mondiale pense que la croissance en Afrique subsaharienne pourrait enregistrer un léger rebond à 2,9 % en 2017, la région continuant à s’adapter à la baisse des prix des produits de base. Cependant, ajoute-t-elle, « la croissance en Afrique du Sud et dans les pays exportateurs de pétrole devrait être plus faible, alors qu’elle devrait rester robuste dans les économies peu riches en ressources naturelles ». Quant au Nigeria, autre géant du continent, il devrait se remettre de la récession et afficher une croissance de 1 %. « Les risques d’aggravation des perspectives demeurent prépondérants. Sur le plan extérieur, l’incertitude accrue des politiques aux États-Unis et en Europe pourrait entraîner l’instabilité des marchés des capitaux et l’augmentation des coûts d’emprunt ou réduire les flux de capitaux vers les marchés émergents et frontières. Une inflexion des flux de capitaux en direction de la région porterait un dur coup à des monnaies faisant le plus l’objet de transactions, comme le rand sud-africain. Un ralentissement plus prononcé que prévu en Chine pourrait peser sur la demande de produits d’exportation et saper les prix. La faiblesse persistante des prix des produits de base réduirait les soldes budgétaires et les soldes des comptes courants, contraignant les pays à des réductions des dépenses qui pourraient affaiblir la reprise et l’investissement », soutient la Banque mondiale.
Croissance mondiale : taux de 2,7 % anticipé cette année
La croissance économique mondiale devrait s’accélérer modestement pour atteindre 2,7 % en 2017, indique le rapport de la Banque mondiale. Cette évolution est attendue après le creux de l’après-crise en 2016 (2,3 %) et grâce à la réduction des obstacles à l’activité dans les marchés émergents et les économies en développement qui sont des exportateurs de produits de base, ainsi qu’à une demande restant robuste dans les pays importateurs.
Dans les économies avancées, le taux de croissance devrait légèrement progresser pour s’établir à 1,8 % en 2017 (1,6 % en 2016). La relance budgétaire dans les grandes économies, particulièrement aux États-Unis, pourrait provoquer une accélération de la croissance intérieure et mondiale plus forte que prévu, bien que le renforcement du protectionnisme puisse avoir des effets négatifs. La croissance des marchés émergents et des économies en développement, pris dans leur ensemble, devrait passer de 3,4 % en 2016 à 4,2 % en 2017, sur fond de hausse limitée des prix des produits de base.
« Les perspectives sont toutefois hypothéquées par les incertitudes pesant sur l’orientation des politiques publiques dans les grandes économies. Une période d’incertitude qui s’installe pourrait prolonger l’atonie de la croissance des investissements, qui freine les pays à faibles revenus, à revenus intermédiaires et à revenus élevés », écrit la Banque mondiale.
Le rapport analyse le tassement récent et inquiétant des investissements dans les marchés émergents et les économies en développement et note à cet effet que la croissance des investissements a chuté, n’atteignant que 3,4 % en 2015 contre 10 % en moyenne en 2010. « Elle s’est probablement encore contractée d’un demi-point de pourcentage l’an passé », soutient la Banque mondiale.