Le «Legal Process Outsourcing» ou externalisation du traitement de prestations juridiques est une pratique largement répandue au sein des directions juridiques d’entreprise et cabinets d’avocats anglo-saxons. Peu connue il y a quelques années, elle devient incontournable dans le milieu juridique français…
Le « Legal Process Outsourcing »: définition
Le « Legal Process Outsourcing » fait régulièrement la une des grands journaux américains. Ce sujet est en outre largement traité par la revue spécialisée «Outsource magazine ».
Le LPO est né du constat, dans les années 2000-2005, de l’existence de juristes indiens très qualifiés, souvent formés dans les meilleures facultés européennes ou américaines et de la possibilité de travailler avec eux de façon sécurisée à distance grâce à des logiciels informatiques de plus en plus performants.
Ainsi, le « Legal Process Outsourcing » se définit comme l’externalisation, par les directions juridiques d’entreprises et cabinet d’avocats, du traitement de prestations juridiques à des firmes spécialisées dans leur rationalisation, aux fins notamment d’une réduction significative des coûts. Les cabinets de LPO interviennent ainsi en qualité de back office des départements juridiques qui conservent la supervision du travail in fine.
En France, le LPO se pratique déjà en «onshore» de façon artisanale, des directions juridiques externalisant des prestations juridiques à d’autres structures, souvent situées en province. Il a aujourd’hui vocation à se développer de façon industrielle en « nearshore », en raison d’échanges économiques et universitaires de plus en plus intenses et libéralisés.
Quelles sont les raisons de cet engouement ?
La raison principale de l’expansion du LPO reste financière : les économies réalisées par ce biais peuvent atteindre jusqu’à 40 %.
Il faut noter que le LPO concerne principalement des prestations récurrentes et volumineuses. L’exécution rationalisée de ces dernières est permise grâce à des méthodes de travail éprouvées et des outils informatiques adaptés.
En faisant appel à des sociétés de LPO, les directions juridiques d’entreprises ou cabinets d’avocats libèrent leurs employés des activités chronophages, leur permettant ainsi de se concentrer sur des travaux plus stratégiques.
Le LPO constitue aussi un support précieux aux litiges et autres actions délicates. Ainsi, nombreux sont les départements juridiques qui confient les recherches juridiques et travaux préparatoires de rédaction à des prestataires de LPO.
Ainsi que le précise l’étude du cabinet de conseil «Vantage partners», l’externalisation des prestations juridiques est avant tout un outil de gestion qui ne doit pas être uniquement considéré comme un moyen de réduire les coûts financiers mais aussi comme un moyen de transférer des ressources internes pour acquérir plus de valeur dans le travail.
Le LPO dans le monde aujourd’hui : développement, chiffres, perspectives…
Selon le cabinet de conseil DayOne, le LPO connait un taux de croissance exceptionnel de plus de 50 % chaque année et a atteint en 2010 un chiffre d’affaires supérieur à 440 millions de dollars.
La société Manthan Legal, gagnante de l’ « Award LPO » en 2011, fait état de chiffres extrêmement prometteurs : le chiffre d’affaires lie au LPO en Inde et aux Philippines devrait atteindre les 960 millions de dollars dans les cinq prochaines années et employer jusqu’à 18 000 personnes, au lieu des 5000 salariés LPO à l’heure actuelle. La société Pangea3, géant du LPO, a par ailleurs été récemment rachetée par Thomson Reuters pour un montant resté secret.
Outre l’Inde, d’autres pays comme l’Afrique du Sud, Singapour, le Mexique et Israël, s’ouvrent à ce marché. Ces pays ont en effet comme dénominateur commun la connaissance des régimes juridiques anglo-saxons et européens, à laquelle s’ajoute une main-d’œuvre de qualité, des « process » ayant déjà prouvé leur efficacité et une grande flexibilité.
A ce développement quantitatif s’ajoute un développement qualitatif, les prestations ayant évolué en termes d’offres de prestations. L’externalisation de prestations juridiques concerne aujourd’hui la propriété intellectuelle, la gestion de contrat, allant même jusqu’au support en contentieux