Le Board of Investment (BOI) a de l’ambition. Il vise plus de Rs 15 milliards du Foreign Direct Investment (FDI) en 2017. Déjà, il a enregistré Rs 10,5 milliards pour les neuf premiers mois de 2016. Et pense terminer l’année avec un montant de Rs 14 milliards. Une estimation qui dépasserait les Rs 9,6 milliards engrangées en 2015.
Toutefois, contrairement aux années précédentes, BoI privilégie les investissements productifs dans de nouveaux secteurs économiques. Pour y parvenir, le board a développé une stratégie à trois niveaux. Celle-ci porte sur la consolidation des secteurs traditionnels (l’agro-industrie, la manufacture et les services d’hospitalité), le soutien aux secteurs émergents (les services financiers, les services de santé, l’industrie du savoir et de la cinématographie) et le développement de nouvelles filières (l’économie océanique, l’énergie renouvelable, les smart cities, entre autres).
«BoI s’engage à ouvrir de nouvelles opportunités aux opérateurs. L’investissement direct ne sera plus le seul critère de performance pour gérer des investissements», explique son Managing Director, Ken Poonoosamy.
En mode ‘wait and see’
Cet objectif est loin de faire l’unanimité chez les économistes et autres observateurs. «Atteindre un tel objectif signifie forcément que toutes les conditions sont réunies, tant au niveau de la stabilité économique que politique. Or, aujourd’hui avec la fragilisation du gouvernement suivant le départ d’un allié, les opérateurs sont en mode wait and see et se posent légitimement des questions sur sa survie», analyse l’économiste Azad Jeetun.
Selon lui, la vraie question est la composition du FDI, qui doit être une source d’inquiétude malgré les tentatives de le diversifier. Pour preuve, il rappelle que l’immobilier a attiré plus de 45 % des investissements étrangers de 2006 à 2015. Uniquement pour les quatre dernières années (2010- 2014), ce secteur a engrangé Rs 32 milliards sur un total de Rs 75 milliards.
«Ce sont des investissements non productifs et insoutenables pour l’équilibre économique. Ils ont des effets limités sur la croissance économique et ne génèrent pas généralement d’emplois productifs. De plus, ils n’agissent pas sur l’appareil productif du pays», poursuit Azad Jeetun.
D’autres spécialistes relativisent cette tendance du FDI vers l’immobilier, affirmant que celle-ci relève d’un contexte particulier lié au projet gouvernemental de lancer des Integrated Resort Scheme (IRS) en 2002. Du coup, compte tenu des concessions fiscales accordées à l’époque aux promoteurs d’IRS, le gros des investissements a été orienté vers ce secteur.
Finances et manufacture ciblées
Finances et manufacture sont les deux secteurs qui ont bénéficié le plus gros des investissements mauriciens en Afrique. Deux groupes ont été particulièrement actifs en 2016. Il s’agit d’Alteo et d’eclosia qui ont investi en Afrique et à Madagascar. Au total, c’est un montant de Rs 1,48 milliard qui a été investi hors de Maurice, dont Rs 1,2 milliard dans les pays en voie de développement (Rs 872 millions en Afrique). Une fois n’est pas coutume : La Réunion a bénéficié des investissements de Rs 686 millions.